Alternatives au diesel : quel carburant pour demain ?

Technicien en station hydrogene refuelant une voiture moderne

68 % des poids lourds français roulaient encore au diesel en 2023. Ce n’est pas une statistique anodine, mais le reflet d’une inertie qui résiste aux injonctions écologiques et aux promesses d’innovation. Depuis 2022, l’Union européenne impose des quotas progressifs de réduction des émissions de CO2 aux constructeurs automobiles, sous peine de lourdes amendes. Pourtant, certaines motorisations hybrides rechargeables affichent sur le papier des émissions faibles, tout en consommant davantage en usage réel que des diesels classiques.

Face à ce contraste réglementaire et technologique, la diversification des sources d’énergie dans le transport routier s’accélère, portée par des enjeux climatiques et économiques. Les alternatives émergent, chacune avec ses avantages, ses limites et ses défis industriels.

Le diesel en question : comprendre les limites d’un carburant historique

Le diesel a longtemps été le socle solide du transport routier, en France comme ailleurs en Europe. On vantait son rendement, sa sobriété à la pompe, sa capacité à avaler les kilomètres. Mais cette époque s’effrite. Aujourd’hui, le diesel cristallise les critiques, entre enjeux sanitaires et pressions réglementaires. Certes, ce carburant issu des sources fossiles a séduit par ses qualités économiques et son efficacité, mais la facture environnementale s’alourdit. Moins de CO2 au litre que l’essence ? La nuance s’estompe, au fil de la montée en puissance des normes et de l’alourdissement des véhicules modernes.

Focaliser le débat sur le CO2 ne suffit plus. Les NOx (oxydes d’azote) et les particules fines, ces polluants sournois, placent le diesel sur le banc des accusés pour leur impact sur la santé publique. L’INSEE le rappelle dans ses analyses : l’exposition accrue des populations urbaines à ces polluants alimente la défiance et attise la demande de solutions alternatives.

Dépendant toujours largement du couple essence/diesel, le transport routier doit se plier à la rigueur d’une réglementation européenne de plus en plus stricte. Les données de l’INSEE montrent que la part des carburants fossiles reste majoritaire dans le secteur, même si la tendance commence à s’inverser. Les habitudes sont tenaces : infrastructures taillées pour le diesel, fiscalité historiquement avantageuse, inertie industrielle. Changer de cap, c’est remettre en question tout un écosystème.

Constructeurs et acteurs du secteur avancent prudemment, pris entre la pression réglementaire et la réalité du marché. Si la France tourne doucement la page du diesel, la mutation du parc roulant reste un chantier ouvert. Les ventes de véhicules neufs affichent une baisse nette du diesel, mais le renouvellement complet prendra du temps.

Panorama des alternatives : quels carburants émergent pour remplacer le diesel ?

Face à la nécessité de réduire l’empreinte carbone du transport routier, plusieurs carburants alternatifs s’imposent comme des pistes sérieuses. Voici les principales solutions qui se développent actuellement.

  • Les biocarburants, issus de la biomasse ou de matières organiques (comme les déchets agricoles), connaissent un essor marqué. Le B100, par exemple, dérivé à 100 % de colza français, équipe déjà plusieurs flottes captives. Les carburants renouvelables tels que le HVO (huile végétale hydrotraitée) séduisent grâce à leur compatibilité avec les moteurs existants et leur capacité à réduire les émissions sur tout le cycle de vie.
  • Du côté des gaz, le GNV (gaz naturel véhicule) et son équivalent renouvelable, le BioGNV, illustrent l’investissement dans des solutions plus vertueuses. Le GNV, produit depuis du gaz naturel ou à partir de déchets organiques, dispose déjà d’un réseau en expansion, bien qu’il reste concentré sur des usages urbains ou collectifs.
  • Le GPL (gaz de pétrole liquéfié) conserve une place à la marge, freiné par une offre de stations limitée et une fiscalité qui peine à convaincre.
  • L’hydrogène, quant à lui, avance lentement : peu d’infrastructures, une production qui repose encore massivement sur des procédés intensifs en énergie… Sauf à miser sur des filières totalement décarbonées, le potentiel reste à confirmer.

Pour éclairer le paysage, voici une vue d’ensemble des principales alternatives au diesel.

Tableau des alternatives majeures

Carburant Origine Usage actuel
Biocarburants (B100, HVO) Colza, huiles végétales, matières organiques Flottes captives, poids lourds
GNV / BioGNV Gaz naturel, déchets organiques Transports collectifs, logistique
GPL Pétrole liquéfié Véhicules légers, usage marginal
Hydrogène Électrolyse, vaporeformage Projets pilotes, mobilité lourde

La recherche ne s’arrête pas là. Les e-fuels ou carburants de synthèse, créés à partir d’électricité renouvelable, suscitent l’intérêt mais se heurtent encore à un coût élevé et à des défis industriels majeurs. Leur intégration au mix énergétique dépendra de leur capacité à surmonter ces obstacles.

Impacts environnementaux : ce que changent vraiment les carburants alternatifs

Opter pour un carburant alternatif, c’est viser une réduction nette des émissions de gaz à effet de serre dans le transport routier, secteur particulièrement scruté par l’INSEE et l’ADEME. Les carburants renouvelables affichent des résultats tangibles, à condition de garantir l’origine et la qualité des matières premières.

  • Les biocarburants issus de déchets organiques présentent le meilleur bilan carbone du secteur. Exemple frappant : le B100, dédié aux flottes captives, permettrait de réduire jusqu’à 60 % les émissions de CO2 par rapport au diesel traditionnel, d’après l’ADEME.
  • Le BioGNV va plus loin, pouvant atteindre une baisse de 80 % des émissions en tirant parti du potentiel méthanogène des déchets agricoles.

L’hydrogène mérite une vigilance particulière. Lorsqu’il provient d’énergies fossiles, son empreinte carbone reste lourde. Seul l’hydrogène vert, produit par électrolyse à partir d’électricité renouvelable, peut prétendre à un véritable bénéfice environnemental, mais son accès demeure marginal.

Quant aux e-fuels, la question du rendement énergétique et de la quantité d’énergie nécessaire à leur fabrication reste ouverte. L’impact réel sur le climat dépendra de la maîtrise de ces processus de production.

Le secteur doit intégrer les exigences croissantes des directives européennes sur les énergies renouvelables : au-delà du simple remplacement du diesel, il s’agit de bâtir une stratégie cohérente, mêlant sobriété, innovation et diversification énergétique. Pour répondre à la pression climatique, il ne suffira pas de changer de carburant, il faudra tout repenser, du moteur à la mobilité elle-même.

Jeune femme chargeant sa voiture electrique dans un parc urbain

Vers quelle mobilité souhaitons-nous aller ? Réflexion sur nos choix de demain

La transition énergétique du transport routier ne se résume pas à remplacer le diesel. Elle impose une transformation en profondeur, guidée par la programmation pluriannuelle de l’énergie et la volonté d’accélérer l’adoption de carburants renouvelables à l’échelle européenne. Dans cette dynamique, chaque acteur, public ou privé, s’interroge sur la direction à prendre.

Des biocarburants avancés issus de la biomasse aux expérimentations sur l’hydrogène, le défi consiste à garantir l’accessibilité et la fiabilité des infrastructures de ravitaillement. Le BioGNV attire de plus en plus de collectivités, mais suppose un développement conséquent des réseaux et une logistique adaptée. Quant à l’électricité, portée par la montée des véhicules hybrides et électriques, elle oblige à repenser la production, le stockage et la gestion des ressources énergétiques.

Trois axes structurent cette mutation, chacun étant déterminant pour l’avenir de la mobilité :

  • Innovation technologique
  • Adaptation des usages
  • Investissements publics ciblés

La mobilité de demain ne se décrétera pas d’un claquement de doigts. Elle émergera de l’équilibre entre contraintes économiques, ambitions écologiques et transformation des comportements. En France et ailleurs en Europe, le transport doit conjuguer la diversité des territoires et l’urgence climatique. Au bout du compte, penser la mobilité, c’est s’attaquer à notre rapport à l’espace, à la vitesse, à l’énergie. Un défi de taille, à la hauteur de l’époque.

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